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Tg STAN, la troupe rebelle la plus excitante de la scène flamande

Jolente De Keersmaeker, Damiaan de Schrijver, Frank Vercruyssen et Waaf Granser.

Comment ces 4 petits étudiants flamands du conservatoire d’Anvers ont réussi à créer une compagnie qui se produit en Europe, au Japon, au Brésil, aux Etats-Unis et même au Québec ? 

Quelle histoire se cache derrière la troupe la plus excitante et révolutionnaire de la scène flamande ? 

C’est ce que tu vas découvrir dans cet article. 

Rompre avec les metteurs en scène

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Ces 4 étudiants du conservatoire d’Anvers décident en 1989 de créer un collectif ensemble, parce qu’ils ont un point commun. 

Ils ne supportent plus qu’un metteur en scène leur dise quoi faire. 

C’est grâce à leurs professeurs Josse de Pauw et Matthias de Koning qu’ils ont pris conscience qu’un acteur est un être pensant, créatif, indépendant et qu’il peut travailler sans metteur en scène. 

Josse de Pauw leur disait : « Allez-y, travaillez, créez. Moi je suis là seulement pour regarder. » 

Il leur demandait :

Qu’est-ce que toi tu veux faire ? 

Qu’est-ce que toi tu veux raconter ? 

Qui es-tu ? 

Pourquoi toi tu veux faire du théâtre ? 

Alors ils ont décidé de créer un collectif sans hiérarchie, en rupture avec les metteurs en scènes classiques. 

Ils avaient tous fait l’expérience de travailler avec quelqu’un qui leur disait comment faire, comment jouer, et ils se sentaient enfermés dans cette structure. 

Mais tous racontent que pour se libérer mentalement de cette manière de faire, il leur a fallu des années. 

Créer ensemble

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Chez Tg stan, tout le monde participe à toutes les décisions.

Que ce soit le choix du texte, du décor, de l’éclairage, des costume ou des affiches. 

Chacun est à la fois traducteur, dramaturge, metteur en scène et acteur.

Tout le monde  a son mot à dire et donne son avis. 

Parce que pour eux le comédien est autant un créateur qu’un interprète. 

Quand ils engagent un acteur de l’extérieur, il a un contrat moral avec la compagnie : 

Il doit avoir autant à dire sur le spectacle que les membres fixes. 

Quand ils sont en désaccord sur une idée et qu’il faut trouver un compromis, ils ont pour principe de ne jamais voter. 

Ils vont toujours trouver une solution par la discussion. 

Et s’ils n’arrivent pas à trouver une solution, ils laissent les choses telles quelles.

Au frigo comme ils disent jusqu’à ce qu’un jour ça dégèle, ou pas. 

Le travail à la table

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La méthode Tg Stan est hors norme. 

Pour eux, le travail à la table, ce n’est pas juste une séance de lecture collective qui permet de définir les enjeux du texte pour plus tard aller sur le plateau et expérimenter. 

Les acteurs de Tg Stan ne travaillent leur scène qu’autour de la table. 

Ils ne répètent quasiment jamais le texte en situation. 

Autour de la table, ils accomplissent un travail énorme, en profondeur, sur le texte. 

Ils décortiquent le texte. 

Chaque mot, chaque phrase sont discutés ensemble. 

Ce travail les amène alors à parler des personnages, de l’espace, du décor etc.

Parce que pour eux jouer c’est une forme de réflexion : c’est réfléchir, creuser, ressasser, analyser, fouiller. 

À la table, ils se posent des questions qui vont leur permettre de monter sur scène en étant poussé par l’urgence.

 Ces questions vont leur aider à donner plus de vie à leur scène : 

Pourquoi est-ce que je veux faire ce monologue ?

Que m’évoque cette scène ?

Désacraliser le texte

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Lors de ce processus, ils désacralisent le texte, mais sans le rendre insignifiant pour autant.

Toutes les couches doivent être enlevées pour les rapprocher au plus près du texte.

De son essence intemporelle, et de sa contemporanéité. 

Il se demandent comment un texte peut-il revivre dans le présent, comment le faire renaître.

Et toutes ces informations acquises autour de la table, ils les emportent sur scène.

L’analyse leur sert d’outil pour jouer.

Alors lorsque sur scène ils ont l’air d’improviser, ils sont en fait en train de prolonger une discussion qui part du texte, qu’ils ont commencé autour de la table. 

Le théâtre devient alors une discussion perpétuelle, qui commence à table et se poursuit sur scène.

Pour Tg Stan, ces discussions incessantes, ce n’est pas juste une manière de travailler. 

C’est le fondement de leur théâtre, c’est leur manière d’être un collectif. 

Ce n’est pas juste un style de jeu qu’on peut reproduire comme ça.

C’est un travail intellectuel réalisé ensemble. 

Le refus des répétitions

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Chez eux, la première représentation est aussi la première vraie répétition.

Ils montent sur scène à peine quelques jours avant la première de la pièce.

Mais le spectacle ne prend corps qu’au moment où il est joué devant le public.

Et pour eux, ça change tout. 

Frank Vercruyssen, l’un des fondateurs de la troupe, appelle ça le festin :

Ils ont tellement faim de jouer puisqu’ils n’ont pas répété au plateau que tout à coup, quand ils arrivent sur scène, c’est le festin.

En fait, pour les membres de Tg Stan, le jeu en tête à tête, sans véritable public, est gênant et sans intérêt.

Il tue le texte.

Pour eux, répéter cent fois une scène, en se demandant si on l’a trouvé ou pas, jusqu’à ce que le metteur en scène acquiesce et dise que le spectacle peut commencer puis la répéter encore une trentaine de fois, ça n’a pas de sens. 

Pour eux, le texte joué par des comédiens qui ont répété 100 fois est comme déjà mort.

On ne prépare pas une émotion

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D’après Tg stan, cette idée qu’on arrive à recréer deux cents fois une émotion est un leurre. 

Ce n’est pas possible de pleurer ou de rire à répétition sans fabriquer.

Les émotions surgissent souvent lors de leurs spectacles.

Mais elles ne sont ni préparées ni répétées. 

C’est pour ça qu’ils préfèrent montrer le comédien entrer et sortir du personnage. 

Ils ne croient pas en l’incarnation stanislavskienne où le comédien s’efface derrière le personnage, où chaque prise de parole semble le faire réellement souffrir. 

Et c’est ce que les spectateurs aiment avec Tg Stan.

Ils s’amusent du regard décomplexé que la compagnie porte sur l’acte de jouer.

Par exemple, ils ne vont pas hésiter à être dans l’exagération ou le cabotinage. 

Ou alors si un comédien n’est pas d’accord avec une option prise par un partenaire sur scène, il peut le signifier au public.

Jouer avec la possibilité que tout peut changer

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Pour Tg Stan, jouer un spectacle ce n’est pas reproduire une chose apprise et répétée.

Mais c’est créer chaque soir quelque chose de nouveau avec le public. 

C’est ce qui fascine les spectateurs.

Ils sentent la liberté, l’ouverture, la possibilité qu’à tout moment le spectacle se métamorphose, sans que cela soit prévu à l’avance.

Tout peut toujours changer, à cause d’un nouveau choix d’un partenaire, d’une réaction inattendue du public, ou même d’une défaillance technique.

 Ils jouent avec une constante possibilité de changement. 

Ils décident quand même à l’avance d’une structure et des grandes directions à prendre en terme de mise en scène.

Mais toujours en gardant en tête que ce qui est fixé peut toujours être réinventé le jour J.

Se laisser surprendre

se laisser surprendre

Pour Tg stan, un bon spectacle n’est pas le résultat d’un certain style de jeu.

Ce n’est pas un code qu’il suffit d’établir, puis d’exécuter avec virtuosité. 

Ce n’est pas la peine de souffrir devant un public.

 Uu de réaliser une bonne performance qui aura juste le don de tuer le spectacle.

Pour Tg Stan, jouer ensemble, c’est se laisser surprendre par ce que réserve l’imagination, la vôtre et celle de vos partenaires. 

C’est accepter d’être vulnérable  sur scène parce qu’on est ouvert à l’imprévu.

C’est être prêt à être déstabilisé plutôt que de vouloir faire l’étalage de son talent. 

Pour eux, on monte sur scène pour plonger ensemble dans le nouveau, pour s’ouvrir.

Une bonne performance tue un spectacle

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Ils critiquent le fait de vouloir livrer une prestation exceptionnelle en tant qu’acteur,  parce que cela signifierait qu’on est sur scène que pour soi-même.

De leur point de vue, un acteur soi-disant exceptionnel pour la presse l’a été au détriment du matériel, au détriment du contenu, au détriment de ses partenaires et, finalement, au détriment de lui-même.

J’espère que le fait de découvrir Tg stan, son mode de fonctionnement et sa vision, t’as donné envie de préparer et de vivre tes prises de parole en public d’une autre manière. 

Si tu veux en savoir plus sur ce collectif, clique ici :

https://www.stan.be/fr/page/%C3%A0-propos-de-stan

Dis-moi dans les commentaires ce qui t’a plu, déplu, inspiré ou motivé ! 🙂 

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1 commentaire

  1. C’est intéressant comme approche et révolutionnaire 😉 L’idée « d’avoir faim » par le fait que la représentation est la 1ère répétition vaut le coup de tenter l’expérience à mon sens.

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