Une technique inattendue pour apprendre à gérer ses émotions
J’ai récemment lu un article « 15 techniques inattendues pour apprendre à gérer son stress » qui m’a beaucoup plu. C’est le début du parcours d’une blogueuse qui a décidé de partir à la découverte de différentes techniques pour gérer ses émotions, en les testant pour voir ce qui fonctionne sur elle. J’aime ce genre de mentalité qui dit : « Comment tu peux savoir si ça fonctionne ou pas si tu ne l’as pas essayé ?« .
C’est l’exemple même de la curiosité au service du bien-être.
Et moi, je mets ma curiosité au service du développement de tes compétences oratoires. Pour améliorer ton bien-être et celui de ton auditoire lorsque tu parles en public. 😊
Donc dans cette article j’ai décidé moi-aussi d’être curieuse, et de voir comment le discours peut être un moyen de gérer ses émotions.
Cet article participe à l’événement interblogueurs « Comment faire face à ses émotions et continuer d’avancer ? » organisé par le blog Bien-etre-en-cours dont je viens de te parler.
Le storytelling pour gérer ses émotions
C’est assez paradoxal, de se dire que le discours est un moyen de faire face à ses émotions. Car prendre la parole devant un public est souvent vécu comme une expérience angoissante et anxiogène.
Et pourtant !
Le storytelling, le fait de raconter une histoire, a de grandes vertues pour dépasser ses émotions. Du côté de celui qui raconte, comme de celui qui l’écoute.
Vivre une vie par procuration
C’est pour ça que si tu fais partie de ceux qui veulent avoir un impact positif sur les autres lorsqu’ils s’expriment, sache que les histoires en sont un moyen très efficace.
Elles vont te permettre à toi et à ton public de surmonter vos émotions. Car lorsque tu racontes une histoire, le public la vit à travers toi.
Chaque personne qui t’écoute va inconsciemment s’identifier à tes personnages, et vivre par procuration leur parcours émotionnel, comme dans un rêve.
Ils partageront leurs doutes, leurs peurs, leurs joies. Et surtout, leur évolution.
Raconter une histoire, c’est donner à ton public la possibilité de vivre une autre vie. Il peut alors en tirer une leçon qui peut affecter positivement sa vision des choses, et donc son ressenti.
Le storytelling purifie les émotions
Raconter une histoire peut être alors un moyen d’aider ton auditoire à gérer ses émotions.
En faisant des liens entre ton histoire et la sienne, il va se remémorer des émotions qu’il a éprouvé.
Une sorte de connexion émotionnelle va se créer.
Tu as alors le pouvoir de créer un personnage qui va lui montrer que c’est ok de réagir comme ça. Qu’il n’est pas fou, qu’il n’est pas tout seul.
Tu as le pouvoir de créer un happy end pour ce personnage pour lui faire comprendre que oui il y a de l’espoir, et que tout ira bien.
Personnellement, j’ai trouvé ça jouissif de voir Sofia, le personnage principal de Girlboss, péter des câbles.
Elle casse l’image des entrepreneuses bien sous tout rapport, et montre que oui on peut réussir à développer un business reconnu tout en ayant un très fort caractère.
Peut-être qu’une personne dans ton public est dévorée par ses émotions, et s’autoflagelle par cette voix de juge intérieur qui dit : « Tu es une mauvaise personne à réagir comme ça, à ressentir ça, à penser ça ».
Et elle ne réussit pas à la faire taire, elle ne réussit pas à s’aimer malgré ses défauts.
Mais en écoutant ton histoire, elle voit cette voix intérieure et ses émotions mises en scène au travers d’un autre.
Et voir que ton personnage qui lui ressemble réussit tout de même à s’accepter, peut la libérer d’un poids.
Cela peut créer un véritable soulagement en elle.
En racontant une histoire, tu donnes alors l’occasion au spectateur de se libérer de ses émotions : le discours est cathartique.
Encore mieux, raconter ta propre histoire, tes épreuves et comment tu t’en es sorti peut permettre à celui en face de toi d’avancer dans sa propre histoire.
La thérapie par les histoires
Les histoires sont si puissantes que certains hôpitaux ont mis en place un système de thérapie par les films pour aider leurs patients atteints de problèmes psychologiques.
En effet, les neurosciences ont montré qu’écouter des histoires crée un « effet pause » qui réduit la perception de la douleur et amène à un état de bien-être.
Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités
Avoir conscience que raconter une histoire peut aider les gens à surmonter leurs épreuves et leurs émotions, je trouve ça très fort pour se motiver à écrire un storytelling.
Toutefois, pour que cela ait l’impact désiré et touche les émotions de ton public, ton histoire doit respecter certaines règles. Mais j’aborderai plus en détail ce sujet dans un autre article.
La chose la plus importante à retenir, c’est qu’il te faut clarifier l’impact émotionnel que tu veux avoir : Qu’est-ce que tu veux faire ressentir à ton public à travers ton histoire ?
Ton histoire peut avoir différents effets bénéfiques sur les émotions de ton public :
Faire rire
Une histoire qui fait rire améliore le bien-être et fait temporairement oublier ses problèmes à ton public. La recherche scientifique a prouvé que le rire augmente le système immunitaire tout en diminuant les hormones de stress.
Il y a un passage dans Harry Potter qui illustre parfaitement ce concept.
Lorsque Harry apprend l’exercice du ridiculus. Il s’agit de penser à la chose qui te fait le plus peur, puis de lui appliquer des éléments qui la rendent totalement ridicule.
Mettre en scène dans une histoire les plus grandes peurs de ton public de manière totalement ridicule lui permet alors de les surmonter en dédramatisant.
Pleurer pour relâcher
Raconter une histoire qui fait pleurer, ça fait du bien.
Des chercheurs ont trouvé deux neurotransmetteurs dans les larmes qui libèrent du stress : la leucine-enképhaline qui permet le soulagement de la douleur, et la prolactine qui soulage du stress.
Pleurer, c’est donc un moyen d’évacuer son stress et ses émotions.
C’est aussi aussi un moyen de faire face à nos émotions et d’accepter leur présence en nous.
Et c’est au moment où nous les acceptons, qu’elles peuvent alors commencer à partir petit à petit.
C’est le message dans Vice Versa. Tout le long du film, tout est fait pour refouler et exclure la tristesse de l’esprit du personnage principal. Ce qui va engendrer des conséquences destructrices pour sa personnalité.
Et c’est finalement lorsque la tristesse est acceptée et ressentie que le personnage principal trouve la paix et peut éprouver de la joie de nouveau.
Mais parfois tu ne réussis pas à pleurer, alors que tu sais que cela te ferait du bien.
Raconter une histoire qui fait pleurer est alors un moyen de déclencher en quelqu’un la libération émotionnelle dont il a besoin.
Donner de l’espoir
Il y a des moments où tu voies tout en noir. Comme un trou à l’intérieur de toi. Tu te sens impuissant, découragé, vidé de ton énergie.
Raconter une histoire à quelqu’un dans cet état peut être un rayon de lumière, tendre et puissant.
Si tu racontes une histoire qui commence avec un personnage désespéré à l’image de ton public, mais qui au final triomphe, cela peut lui donner de l’espoir, de l’optimisme.
Car tu vois quelqu’un pris au piège, blessé, déçu, puis tu le vois galérer pour remonter la pente et au final il y arrive.
Cela donne l’envie et le courage de se battre pour s’en sortir.
À l’image des histoires de films ou de séries comme Pursuit of happiness, Self Made, ou Girlboss.
Des héros qui au début de leur histoire se retrouvent au bord du désespoir parce qu’ils vivent dans la précarité totale.
Mais leur point commun, c’est qu’ils vont se battre encore et encore et encore. Ils ont des hauts, et surtout des bas, mais continuent toujours d’avancer pour se sortir de leur trou. Et ils y arrivent.
Suivre leur histoire a été une source d’inspiration, de motivation et d’action énorme pour moi. Bien plus que de lire des citations bâteau du type : « N’abandonne jamais. Souris à la vie. »
Raconter son histoire pour gérer ses émotions
Écrire pour relativiser
On a vu qu’en racontant une histoire, tu as le pouvoir d’aider ton public à mieux gérer ses émotions.
Mais raconter ton histoire, c’est aussi ce qui va te permettre à toi de faire face à ce que tu ressens et d’avancer.
Ce n’est pas un hasard si les thérapeutes conseillent souvent d’écrire un journal pour mieux gérer ses émotions.
Écrire ton histoire, c’est apprendre à mettre des mots sur les expériences que tu vis et sur la manière dont tu les ressens. Et sur ce que chacune d’elle t’a appris.
Écrire ses émotions pour ne plus être distrait
C’est donc un premier pas pour prendre du recul lorsque tes émotions te submergent.
Par exemple, lorsque tu es très énervé contre quelqu’un, attend avant de lui envoyer un message assassin. Écris d’abord toutes les choses affreuses que tu penses de lui sur une feuille.
Tu verras qu’au fur et à mesure de ton écriture, tu te sentiras soulagé, que la colère s’en ira petit à petit.
Car tant que tes émotions et tes histoires sont emprisonnées dans ta tête, et que tu ne les laisses pas sortir sur le papier, elles vont tourner en boucle dans ton esprit. Et te distraire dans ton quotidien.
C’est pour ça que j’ai toujours une feuille de distraction pour mes émotions négatives.
Comme ça, lorsqu’elles arrivent, je les évacue tout de suite en les écrivant.
Et je peux alors reprendre mes activités en étant totalement concentrée sur ce que je fais, sans distraction.
Créer une histoire transforme ta manière de vivre les choses
Mais cela va plus loin. En fait, tous les jours tu es exposé à des milliers d’interactions. Et il est impossible qu’elles soient toutes positives.
Tu vis forcément des expériences négatives, quelqu’un qui te parle mal, tu fais une erreur et tu te sens coupable, on te juge injustement, une dispute pour rien du tout, une moquerie, une critique etc…
Et pour chaque expérience négative, c’est comme si tu recevais une petite pierre.
Au fur et à mesure des années, si tu n’apprends pas à évacuer ces petites pierres, elles vont peser très lourd sur ton moral.
Et ton esprit est capable de te repasser le souvenir de chaque pierre des centaines, voire des milliers de fois.
C’est comme un poison en toi, qui peu à peu filtre ta perception du monde de manière négative, cynique, méfiante.
Toutes les pierres en toi te rappellent que tu ne veux pas d’une nouvelle pierre, car tu n’en as plus la force.
Alors tu ne prends plus de risques, tu limites tes interactions, et peu à peu, tu ne vis plus.
Pour éviter de devenir folle à ressasser les histoires qui me pesaient, je me suis donc mise à les écrire, encore et encore.
Et à chaque fois que j’étais en colère ou triste, je canalisais toute la force de mes émotions, toute cette énergie, pour la rediriger vers la création.
Plus mes émotions étaient fortes, plus mes textes étaient puissants.
C’est ce qu’on appelle la sublimation. Cette action de détourner une pulsion et de rediriger son énergie vers la création artistique. Écrire mes histoires m’a alors permis de mieux gérer, voire dépasser mes émotions.
J’ai transformé ce monstre en moi qui me rongeait en des textes poétiques et touchant. En quelque chose de beau et de bon.
Raconter ton histoire en public est libérateur
Raconter mon histoire devant un public, c’est ainsi devenu une manière de triompher de mes petites pierres émotionnelles.
Un jour, après une rupture particulièrement éprouvante, j’ai pris toute la douleur, toute la tristesse que j’avais en moi, et j’ai tout écrit. Tout ce que je ressentais était là, sur une feuille. Puis, avec toute la force de ma voix, j’ai lu ce texte devant un public, pour que ces émotions sortent de moi.
Ce jour-là, encore une fois je n’ai pas fait un discours pour les autres, mais pour moi.
Une fois mes émotions verbalisées devant des gens, le fait d’en parler m’a aidé à avancer.
C’était comme un cri de libération.
D’ailleurs, c’est ce qui m’a donné l’idée d’appeler mon blog Explosif à l’oral. Parce qu’une explosion, c’est une libération d’énergie.
Et lorsque tu parles devant un public, tu as ce pouvoir de libérer tes émotions. Comme un raz-de-marée.
Et plus je racontais mes histoires, plus on m’applaudissait. Plus on me respectait et donc, plus je me sentais forte. Comme le dit Madame C.J. Walker dans Self Made :
Depuis que j’ai appris à raconter mon histoire, je ne peux plus me taire.
Petit à petit je suis devenue fière de mes histoires, fière de mes petites pierres. C’est ce que m’évoque cette citation de Paulo Coelho :
Et le jour viendra où les moments difficiles ne seront plus que des histoires qu’ils seront fiers de raconter à ceux qui voudront les entendre. Et tous les écouteront avec respect apprendront une chose importante : la fierté de leurs cicatrices. Les cicatrices sont gravées au fer et au feu dans la chair, et elles effraieront leurs ennemis, leur montrant que la personne qui est devant eux a une grande expérience du combat. Les cicatrices parlent plus fort que la lame du couteau qui les a causées.
L’applaudissement a alors transformé mon ressenti pour faire de moi une gagnante.
Quand les autres t’applaudissent, tu commences à t’accepter. C’était comme si le public, en m’applaudissant me disait :
« Lève-toi et parle, dis-le. Assume ce que tu ressens. Assume tes émotions et ta sensibilité. Assume tes pétages de câble. Assume ta dark side, ton monstre intérieur. Il est là, en toi, on peut le voir, et pourtant tu n’as jamais été aussi belle que maintenant. Malgré tout, on est prêt à t’accepter et à t’aimer. Alors pourquoi toi, tu ne t’aimerais pas ? «
Et c’est exactement cette idée que j’ai retrouvé dans une interview de Jamel Debbouze qui parle du pouvoir des applaudissements :
La première vraie belle sensation, c’est des applaudissements. Je suis entré, j’ai fait un personnage et ça a ri et applaudi tout de suite. C’est comme si j’avais eu le bac et l’agreg’ d’un coup. C’est ces applaudissements qui m’ont vraiment orienté. J’avais envie de revivre ces aplau, de les re-revivre. Parce que ça donne une telle confiance. Tu te trouves mieux, plus beau, plus grand, plus fort. Et ces applaudissements ont fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui. C’est vraiment de ça dont on a tous besoin. C’est d’être considéré, boosté, applaudi. D’un coup tout ce qu’on me renvoyait à la tronche, « t’es petit, t’es trapu, t’es handicapé », là tout ces défauts étaient une qualité incroyable. Et les gens applaudissent tes défauts. Ça change tout dans ta propre perception de toi.
Tu l’as compris, le storytelling, au-delà d’être une technique de rhétorique pour convaincre, est aussi un outil pour gérer ses émotions.
Si cet article t’a donné envie de raconter ton histoire, ou tout simplement t’a inspiré, n’hésite pas à mettre un like et à partager tes impressions en commentaire ! 😊
Article super intéressant, étant une personne qui me laisse facilement submerger par mes émotions je vais prendre note de tes conseils. L’écriture est pour le moment la chose qui fonctionne le mieux pour m’aider a évacuer.
Bravo et bonne continuation
Coucou Maeva ! 😊 Merci pour tous ces compliments ! 🙈 Moi aussi je suis très très sensible, donc c’est super si ma petite expérience peut aider une autre émotive 🤗
Très bel article ! Que dire si ce n’est que la parole est sans doute le plus puissant des médicaments, des calmants, des vecteurs de bien être… Ce n’est pas pour rien que la psychanalyse l’utilise pour soigner… Merci encore pour ce très beau récit !
Coucou Nicolas ! Merci pour ce super commentaire 😀 Je suis contente que mon récit ait pu t’inspirer 😉
J’aime beaucoup ton article, en effet le fait de poser sur papier ce qui tourne en rond dans notre tête et nous ronge de l’intérieur est libérateur. Et la puissance de la narration est pas mal non plus pour compléter la libération d’énergie. Belle continuation!
Coucou Corinne ! 😊 Merci beaucoup pour ton commentaire, tu as totalement compris le message de cet article ! Bonne continuation à toi aussi 🐱
Très bel article ! Adepte du storytelling pour mieux présenter des concepts aux autres, je n’avais pas réalisé qu’il pouvait aussi servir à gérer ses propres émotions. Comme quoi, que des vertus ! 😉
Merci Alex pour ton commentaire !
Oui, le fameux storytelling, on entend tout le temps parler de son efficacité pour mieux communiquer avec les autres, mais moins de ses vertus quand il s’agit de communiquer avec soi-même. C’est top que tu aies pu le découvrir en me lisant 🙂
J’adore ton article, tellement frais et inspirant, je n’ai pas arrêté de prendre des notes ! Raconter des histoires pour aider son auditoire avec ses émotions, j’aime beaucoup cette notion. Et si cela nous aide également à gérer les nôtres, quel superbe technique ! Je savais qu’écrire aidait à accepter ses émotions mais je n’avais jamais pensé que raconter son histoire à l’oral pouvait avoir un tel impact. Merci Margaux
Merci Caroline pour ton commentaire, ton retour me donne beaucoup d’énergie pour continuer d’écrire ! On a tendance à croire que s’exprimer face à un public c’est quelque chose de désagréable, j’ai voulu montrer qu’au contraire ça pouvait être une source de bien-être, et je suis super contente que tu aies saisi le message que je voulais faire passer. Merci à toi 🙏
[…] Comment utiliser le storytelling pour gérer ses émotions ? […]
Salut Margaux!
Merci pour ton blog et tes newsletters, il est tellement inspirant et motivant pour moi. Jusqu’au jour où je passerais à l’action. Tu me donnes les outils et la confiance nécessaire à ce que je puisses, un jour, exprimer ce que j’ai au plus profond de moi sans ne plus jamais m’arrêtez.