discours agréable à écouter

Comment écrire un discours agréable à écouter ?

Travaille la musicalité de ton discours pour le rendre plus agréable à écouter

Un outil d’enrobage

La musicalité permet de rendre ton discours plus agréable à écouter. Tout comme les techniques de rhétorique, elle surprend l’auditoire dans le but de favoriser son attention. Elle rend les idées de ton discours plus digestes et surtout plus mémorables, en les intégrant à une expérience musicale et poétique.

 

Ainsi la musicalité permet de faire voyager l’audience dans un monde plus agréable et léger, celui de la musique. De sorte que les gens qui t’écoutent assimilent les idées de ton discours sans s’en rendre compte.

 

La musicalité est donc un moyen parmi d’autres de transmettre des informations sans ennuyer ton auditoire. C’est un des outils de l’enrobage de ton discours.

Gagner en efficacité en utilisant le canal de communication auditif

La musicalité est également un outil qui fait partie d’une communication plus efficace. En effet, un discours doit pouvoir toucher toutes les sensibilités.

 

Certains vont préférer un discours très imagé, ce sont les visuels. D’autres un discours qui fait appel aux sensations, ce sont les kinesthésiques. Et d’autres la sonorité des mots, ce sont les auditifs.

 

La musicalité de ton discours te permettra donc de satisfaire la sensibilité auditive de ton audience.

Un outil de séduction

Le fait d’avoir travaillé la musicalité de ton texte te fait gagner des points auprès du public. Il sera touché par tes efforts pour rendre ton texte plus agréable, doux, et facile à suivre pour lui. La musicalité est donc un moyen de t’attirer la sympathie de ton auditoire.

Les idées qui sonnent justes semblent vraies

Il s’agit du même principe que la rhétorique : si une formule sonne bien, elle a l’air plus vraisemblable, ce qui la rend plus convaincante. C’est le pouvoir du langage.

 

Par exemple, lorsque tu arrives à la fin d’une fable de La Fontaine, tu as l’impression que toutes les conclusions tirées à l’intérieur, et notamment la morale finale, sont vraies.

 

D’une part c’est grâce à l’histoire racontée, d’autre part c’est parce que celle-ci est racontée dans un style soigné qui lui confère de l’autorité.

Le pouvoir de l’uniforme

C’est un principe de persuasion que l’on appelle le pouvoir de l’uniforme. On a vu dans un article précédent que les gens ne vont pas juger une idée selon son raisonnement logique, mais selon le messager qui la porte.

 

Le pouvoir de l’uniforme va plus loin. Lorsqu’un officier de police va te demander de lui prêter ton téléphone, tu vas t’exécuter sans te méfier. Parce que du fait qu’il est habillé en officier de police, tu en déduis que tu peux lui faire confiance. De même, si ton professeur t’explique un concept de sa matière, tu vas avoir tendance à croire qu’il sait de quoi il parle, parce qu’il est le professeur.

 

Mais si un inconnu à l’air étrange te demande de lui prêter ton téléphone, ou t’explique le même concept, tu seras sceptique.

 

De la même manière que l’on peut habiller le messager d’un uniforme pour te faire croire que tu peux avoir confiance en lui, tu peux habiller ton discours pour qu’il inspire la compétence et l’autorité dans ton domaine.

 

La musicalité est donc une des manières d’habiller tes idées : en sonnant juste, elles sonnent vrai.

Mettre en valeur ton contenu

La musicalité permet de mettre en valeur non seulement tes idées, mais également tes autres enrobages. Que tu fasses de l’humour ou que tu racontes une histoire, la combinaison avec la musicalité y apportera plus de style, de finesse, et d’originalité.

 

La musicalité permettra alors d’harmoniser les différents composants de ton discours, idées comme enrobage, jouant le rôle de liant.

Écrire un discours agréable à écouter en 4 étapes

D’accord, génial, maintenant tu veux absolument rajouter une pincée de musicalité dans tes discours ! Mais tu n’es pas Baudelaire, tu ne passes pas ton temps à lire de la grande littérature ! Bref, tu as peur de ne pas être capable d’avoir une plume suffisamment raffinée ou musicale.

 

Moi aussi j’ai eu ce problème. J’ai toujours pensé que je ne faisais pas partie de ceux qui faisaient des discours grandiloquent… Ce genre de discours où il y a des mots comme grandiloquent à l’intérieur !

 

Mais après avoir réalisé que je m’étais améliorée en humour après avoir appris les règles de l’humour, je me suis dit : « Pourquoi ne pas tester avec la musicalité ? ».

 

Dans mon cas, je voulais l’utiliser d’une part parce que je voulais expérimenter une nouvelle technique. D’autre part parce que je voulais renforcer un storytelling racontant l’histoire de la déesse de l’espoir, afin de me démarquer d’autres candidats durant un concours d’éloquence.

 

Je vais donc partager dans cet article comment j’ai fait pour transformer mon texte de manière à ce qu’il soit plus musical.

1ère étape : Connaître les techniques de base de la poésie

J’ai commencé par vagabonder sur des blogs expliquant comment écrire un texte de rap, une poésie, ou une fable. Et j’en ai déduit les grands principes qui rendent un texte musical :

La répétition des sonorités

  • L’allitération, c’est le fait de répéter le même son issu d’une consonne dans la même phrase.
Défie Dieu comme un fou, refais surface loin des foules
Affine forces et faiblesses, fais de ta vie un poème
  • L’assonance, c’est le fait de répéter le même son issu d’une voyelle dans la même phrase.
Lis entre les vies, écris la vie entre les lignes
Fuis l’ennui des villes livides si ton cœur lui aussi s’abîme
  • L’homonymie combine deux mots qui se prononcent exactement de la même manière mais qui n’ont pas le même sens.

Évidemment, la vie d’amant me fait l’effet d’un vide en moi.

  • La paronymie va combiner deux mots qui ont une prononciation semblable, mais qui ont un sens différent.

Écris des récits où te cogner à des récifs

La rime

C’est le retour du même son en fin de phrase. Il y a différents types de rimes :

  • la rime pauvre avec un seul son identique
L’amour est parti, on ne fait pas semblant
Tout n’est que nostalgie, je t’aime en noir et blanc
  • la rime suffisante avec deux sons identiques
On veut même pas de soleil et des éclipses pour faire l’amour
Pour que l’instant soit bref, intense comme un fruit qu’on savoure
  • la rime riche avec trois sons identiques
On a coincé nos rages entre le mérite et l’héritage
Et les puissants confisquent ce que les pauvres se partagent
  • la rime leonine avec plus de trois sons identiques
Brûlent tes poumons dans les torpeurs enivrantes
Hume les fleurs, leurs senteurs navrantes
Elles sont en fin de phrase mais tu peux en rajouter ailleurs dans la phrase :
La zone est de mépris, la vague est d’indifférence
La foule est un zombie et je vogue à contresens
Tu peux structurer ton texte en rimes de différentes manières :
  • rimes suivies : A A B B

Roméo kiffe Juliette et Juliette kiffe Roméo
Et si le ciel n’est pas clément tant pis pour la météo
Un amour dans l’orage, celui des dieux, celui des hommes
Un amour, du courage et deux enfants hors des normes

  • rimes croisées : ABAB

Roméo habite au rez-de-chaussée du bâtiment trois
Juliette dans l’immeuble d’en face au dernier étage
Ils ont 16 ans tous les deux et chaque jour quand ils se voient
Grandit dans leur regard une envie de partage

  • embrassées ABBA

Obligez-moi de n’en rien dire ;
Son courroux tomberait sur moi.
Dans cette autre famille ayant semé l’effroi,
La Chatte en son trou se retire.

2ème étape : Trouver des modèles

J’ai cherché des exemples de musiques et textes qui utilisaient ces techniques. Puis j’ai sélectionné ceux qui me plaisaient le plus dans leur manière d’utiliser ces techniques et dont je voulais m’inspirer.

 

J’ai également cherché parmi les artistes qui me plaisaient déjà de quelle manière ils utilisaient ces techniques poétiques ou musicales, également pour m’en inspirer. J’ai ainsi pu comprendre les mécanismes derrière la magie créée par une musique ou un texte qui m’avait touché.

 

Par exemple j’ai compris que ce que j’aimais chez Gael Faye, en plus de son élocution, c’était ses allitérations, ses assonances, et ses rimes présentes en fin mais également en milieu de phrase.

 

J’ai compris que j’aimais les rythmes courts du type octosyllabe d’Eddy de Pretto comme dans Mamère mais également la structure des textes de Grand Corps Malade, en alexandrin. Et sa manière de détourner les citations dans Roméo kiffe Juliette.

3ème étape : Découvrir les techniques de rap de ses modèles

Une fois mes modèles trouvés, j’ai voulu déterminer deux autres éléments techniques fondamentaux pour la musicalité de mon texte :

 

Le rythme

Je me suis mise à écouter du rap tout en lisant les paroles en même temps, pour voir combien de syllabes avaient les phrases sur une mesure.

 

Et j’en ai déduit que les rappeurs dont j’avais décidé de m’inspirer, Eddy de Pretto, et Grand Corps Malade, faisaient majoritairement des phrases de 8, 12 ou 15 syllabes.

L’élocution

De la même manière, j’ai écouté la musique de Gael Faye Tôt le matin tout en ayant le texte sous les yeux en même temps, pour étudier son élocution. J’ai pu voir la manière dont il insistait sur les lettres en fin de phrase, dont il articulait, dont il faisait sonner les mots à la Jacques Brel.

 

Petit à petit, je me suis mise à lire les paroles en même temps que lui en l’imitant, pour comprendre comment il produisait ces sons. Cela m’a permis de m’entraîner à articuler de la même manière, à porter ma voix, et à insister sur certains sons et certaines lettres à sa façon. J’ai fait cet exercice plusieurs fois régulièrement pour développer une élocution similaire à la sienne.

4ème étape : Appliquer les techniques à son texte

Puis j’ai appliqué les techniques de l’écriture poétique et celles de mes rappeurs préférés une par une à mon texte.

 

  • Pour les sonorités, j’ai utilisé un dictionnaire de rimes en ligne. Tout en veillant à ne pas perdre le sens de mon texte. Je réarrangeais les mots pour avoir des rimes à l’intérieur des phrases au mieux et seulement en fin de phrase au pire.

 

  • Moi qui ai tendance à faire des grandes phrases je les ai coupées et raccourcies. Chaque mot devait mériter sa place. Je lisais chaque phrase à haute voix pour être sûre qu’elle était « agréable en bouche ». Pour être certaine à 100%, je m’enregistrais en train de la prononcer et je vérifiais que le résultat sonnait bien.

 

  • Pendant que je coupais les phrases et que je faisais des retours à la ligne, j’écoutais une chanson avec le rythme et le nombre de syllabe que je souhaitais. Cela m’aidait pour que les « coupures » me viennent plus naturellement.

 

  • Ensuite, j’ai superposé l’enregistrement vocal de mon texte à une musique instrumentale de rap qui utilisait le rythme que j’avais en tête. Cela m’a permis de vérifier que mon texte se calait dessus correctement. Pour moi il s’agissait de l’instrumental de Roméo kiffe Juliette, de Grand corps malade. Évidemment je ne cherchais pas la perfection, il s’agissait de saupoudrer de musicalité.

 

  • Une fois mon texte réécrit de cette manière, je me suis de nouveau enregistrée en train de le lire. Pour écouter si effectivement le discours final avait plus de musicalité. Et j’ai eu la satisfaction de constater que mon texte était bien plus agréable à l’oreille. Cela m’a également permis de vérifier une dernière fois s’il n’y avait pas des mots inesthétiques qui faisaient tâche à éliminer ou à modifier.

 

J’ai réalisé qu’en faisant ces simples actions j’avais grâce à la forme servi le fond de mon discours. Il sonnait désormais bien mieux et était plus agréable à écouter, donc plus digeste. Et cela semblait naturel, comme s’il avait toujours été écrit comme ça.

 

Et pourtant je n’avais jamais écrit de poésie avant. Je ne suis pas le genre de personne qui lit tout le temps des poèmes ou qui est une spécialiste des rappeurs. Ou qui connaît toutes leurs techniques (pour l’instant).

 

Mais ces simples actions m’ont permis de rendre mon texte musical et poétique, et surtout agréable à écouter. En plus, je trouve que c’est un travail des mots très plaisant et créatif à réaliser !

Le petit plus rigolo

Au cours de cette exploration musicale j’ai découvert qu’il existait des applications comme Autorap qui transforment les textes en rap ! Il suffit de s’enregistrer et elles mettent une musique instrumentale en fond et transforment ta voix !

 

Bon, évidemment le résultat n’est pas terrible ! Mais ça m’a surtout beaucoup fait rire, donc je te le conseille car écrire un discours c’est aussi s’amuser !

En résumé

Ce que tu dois faire si tu veux donner plus de musicalité à ton texte :

 

  • Prends connaissance des principales techniques pour écrire une poésie et un rap (quelques unes sont décomposées dans l’article précédemment).
  • Cherche les musiques, raps ou poèmes qui toi te plaisent ou dont tu sais que tu veux t’inspirer pour ton discours et définis les techniques qu’ils utilisent. Par exemple : « Je veux avoir la structure du texte de Grand Corps Malade avec l’élocution de Gael Faye ». Tu n’as pas besoin de trouver mille exemples de ce qui te plaît ou mille versions de la même technique, il suffit d’en avoir un ou deux. Le but c’est que ces modèles te guident et que tu t’en imprègnes, pas que tu te perdes et que tu passes des heures à écouter une multitude de chansons différentes !
  • Écoute ces musiques en ayant le texte sous les yeux dans le but de déceler les techniques poétiques utilisées en terme de jeu avec les sonorités, rimes, d’élocution, et de rythme. Puis pour t’aider à trouver le rythme de ton discours et à créer sa structure. Et enfin pour t’entraîner à avoir l’élocution de l’artiste de ton choix, en répétant les paroles en même temps que lui en l’imitant.
  • Applique ces mêmes techniques une par une à ton texte. Attention, à ne pas faire de rimes trop faciles en -é notamment, et à bien garder intact le sens de ton texte. La musicalité doit toujours servir ton texte, tu ne dois pas utiliser un mot juste parce qu’il sonne bien, s’il n’est pas cohérent avec le sens de ta phrase.
  • Utilise un dictionnaire de rimes.
  • Utilise l’enregistrement vocal pour tester tes phrases et tes mots afin de vérifier qu’ils sonnent bien et sont agréables à entendre. Puis superpose cet enregistrement à une musique instrumentale afin de vérifier qu’il se cale bien sur le rythme. Et enfin vérifie en écoutant l’enregistrement qu’il n’y a pas de mots ou de rimes inesthétiques qui font tâche à modifier ou à supprimer.

Évidemment que ton texte ne sera pas parfait et que tu n’es pas un poète ou un rappeur en herbe. Mais le simple fait d’appliquer ces techniques, même imparfaitement, saupoudrera ton texte d’un peu de musicalité. Et qui dit saupoudrer dit ne pas verser tout le pot !

 

J’espère que cet article t’a montré que même si tu n’es pas Baudelaire ou Orelsan tu peux écrire un texte un peu plus musical pour en faire un discours agréable à écouter.

 

N’hésite pas à liker cet article, et à partager en commentaire ton expérience ou expérimentation à ce sujet et les retours que tu as eu !

 

Partager l'article :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *